Une autre discussion avec le même
camarade m'oblige à revenir à la question féministe.
En gros il ne voyait pas la nécessité
de mener une lutte spécifique pour les femmes, incluse qu'elle est
dans la lutte globale.
Problématique éculée du révolutionnaire
qui n'a pas conscience de son machisme !
Alors est-il bien utile de lui répondre
en effet je ne suis pas sûre, vu son état de conscience, qu'il soit à
même de percevoir que sa question même renvoi à cette nécessité.
Il prétend que l'émancipation du
travailleur et de la travailleuse vont de pair (et oui c'est lui qui
ne voit la société qu'à travers le travail et les rapports qu'il
engendre).
Or je maintiens que la femme subit une
double aliénation. La première est effectivement commune à l'homme
: l'aliénation par le travail, dominés tous les deux par la même
classe capitaliste. La deuxième imprègne toute la société et
place la femme sous la domination de l'homme et de sa société
masculine.
Nier cette double aliénation prouve
soit les limites de la conscience masculine, soit la volonté de ne
pas remettre en cause leur position hégémonique.
Donc même si certains hommes ont pris
conscience et intégrés dans leur lutte la défense des droits
sociaux des femmes, il n'en reste pas moins à définir la place que
nous femmes nous voulons occuper, de ce que nous voulons faire des
tâches qui nous sont assignées depuis si longtemps.
Serait il acceptable que les hommes
décident encore pour nous de ce que nous voulons comme vie !
Bien sûr ils sont les premiers
concernés par les transformations profondes qu'engendre un
changement des rapports hommes/femmes.
Mais on attend
encore un mouvement masculin (autre que homosexuel) remettant en
cause leur virilité, ou la représentation qu'on en a, qui est à
l'origine de notre société machiste comme les femmes discutent
l'image de la femme renvoyée par cette même société.
D'autre part certaines femmes n'ont pas
encore pris conscience de leur aliénation, il est donc encore loin
le temps où les hommes auront suffisamment pris conscience que
derrière les notions conjointes de la virilité et de la féminité
se cachent non plus la domination d'une classe sur l'autre mais
s'ajoute à elle, la domination de moins de la moitié de la
population humaine sur une autre.
Il est donc encore cruciale que la
parole féminine puisse s'exprimer en toute liberté sans
l'omniprésence masculine.
De plus la dimension maternelle de la
femme ajoute à la complexité de la question féministe. En effet
son rôle dévolu d'éducatrice pose d'autant plus gravement le
problème qu'elle sous-tend le droit de l'enfant et sa place dans la
société d'autant plus cruciale à l'heure où la biologie suscite
des débats éthiques.
En espérant qu'un jour il ne soit plus
nécessaire de démontrer l'utilité du débat féministe pour que
les hommes s'allient à cette lutte pour une société plus juste en
remettant spontanément en cause leur domination.